Depuis le début de la grossesse, il est là. À l’accouchement, il y était aussi. Puis, pour la période des relevailles, cette transition où la mère acquiert ses compétences et se relève de son accouchement, il est de plus en plus présent. Parce que les hommes acceptent et adhèrent davantage aux changements entraînés par les nouvelles réalités d’aujourd’hui et que, de leur côté, les femmes sont pour la majorité, réceptives à la présence du conjoint pour les soins du bébé ou pour donner un coup de main dans la demeure, la société commence à s’ajuster face aux nouvelles demandes des familles. Il existe cependant une réalité bien actuelle : les pères sont physiquement et psychologiquement différents des mères.
En effet, leur façon de faire est différente de celle de la mère. Ils ne prennent pas le bébé de la même manière, jouent, cajolent, parlent, lavent et changent le bébé différemment. À ce sujet, j’aime bien cette phrase de Fitzhugh Dodson qui mentionne que « Personne ne naît bon père. Pour en être un, il faut de la patience, de l’attention et de l’amour ». Il faut donc lui laisser la place qu’il mérite afin qu’il puisse bien saisir l’occasion.
Les gestes essentiels
Les gestes posés par le père durant la grossesse et l’accouchement peuvent être transférables lorsqu’il se trouve en présence de son nouveau-né. Ainsi, les attitudes acquises se raffinent et permettent l’élaboration d’une relation intense, « confiante et sécurisée qui sont les caractères distinctifs du contact haptonomique ». Être là pour l’autre, autant pour la mère que pour l’enfant, voilà une des principales qualités du père. Ce contact est le continuum logique amorcé en période prénatale. Les manœuvres haptonomiques (toucher affectif) se veulent accueillantes, sécurisantes et confirmantes. Le père peut être présent à l’enfant lorsque la mère fait une sieste, par exemple. Pour entrer en contact avec son enfant, celui-ci peut débuter par un geste fort simple, mais très affectueux : celui de placer la paume de sa main sur le ventre et le thorax de son bébé et de la maintenir ainsi quelques secondes. Ce prolongement du père à l’enfant est très sécurisant (apaisant) et intime (personnel). Ensuite, le père peut procéder au portage de l’enfant en kangourou, ce qui implique qu’il dévoile son torse pour y placer le bébé peau contre peau (ne garder que la couche !). Il peut, à ce moment, couvrir le petit d’une couverture afin de diminuer le refroidissement de son dos. Le père pourrait aussi revêtir une chemise, comme le font les pères de la ville de Bogota, en Amérique du Sud, lorsqu’ils pratiquent la technique de portage kangourou pour leur bébé prématuré. Il vous faut alors entrouvrir le haut de votre chemise, y placer votre chérubin et reboutonner votre chemise par-dessus lui, ne laissant dépasser que la tête du bébé. Pour ce faire, vous pouvez être en position debout, avec une main sous les fesses pour soutenir votre bébé, ou en position assise. Bien entendu, la mère pourra aussi utiliser cette façon de faire car cette proximité maternelle accroît la sensibilité du nouveau-né (méthode peau contre peau et kangourou), surtout au niveau de sa succion lorsqu’il est allaité.
Si à l’hôpital votre petit ange a tendance à perdre sa chaleur, soit parce qu’il est de petit poids (5-6 livres) ou qu’il est né prématurément (moins de 37 semaines), vous pouvez aisément utiliser cette méthode, ce qui diminuera le temps passé en incubateur. Votre chaleur corporelle, votre rythme cardiaque et vos mouvements (déplacements/balancements) peuvent aussi être un bon calmant pour votre bébé. En conséquence, cela facilitera le contact précoce tant attendu et contribuera à augmenter votre sentiment paternel et vos compétences futures. Vous pouvez aussi vous procurer un porte-bébé, disponible en magasin. Si l’intérêt vous incite à en faire l’acquisition, privilégiez ceux qui sont polyvalents, qui s’ajustent facilement, se nettoient aisément et avec lequel votre bébé pourra être porté longtemps.
De nos jours, les couples ont de moins en moins d’enfants, d’où l’importance de profiter au maximum de la présence de l’un et l’autre et des enfants au sein du noyau familial. La période de la petite enfance est si vite passée que déjà la période pré-pubère s’installe. Ce n’est pas dans les livres que nous apprendrons à vivre avec nos enfants, ni à les éduquer.
Il y aura toujours au fond de chaque être une partie de l’enfant qui renaît chaque fois que nous sommes émerveillés, éblouis et heureux. Retrouvez ces moments magiques pour en faire profiter votre bébé. « Par le jeu, les enfants explorent les caractéristiques physiques et sociales de leur monde, ils pratiquent de nouveaux dons et jouissent de leurs habiletés motrices et sensitives ».
N’ayez crainte de parler le langage bébé, même si votre conjointe vous exprime ses réticences face à votre façon de faire. N’ayez crainte de grimacer, de sauter, de rouler par terre car votre bébé s’en souviendra et rira aux éclats. N’ayez crainte de vous abaisser car ainsi, vous tracez votre avenir avant d’être devenu trop grand. N’ayez aucune crainte, vous avez tout ce qu’il faut pour devenir un bon père.
« Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent. »
A. de Saint-Exupéry
Diane Daigneault Éducatrice et animatrice en périnatalité Auteure de «Bouger avec bébé», Ed. de L’Homme, 2005